Élections Européennes de juin 2009, le PS est mal parti !
Par Alain Rey • 24 jan, 2009 • Catégorie: Elections
Dans cinq mois, les élections Européennes auront lieu. Et pourtant, en ce 24 janvier 2009, l’impression qui domine, c’est celle d’une échéance très lointaine. A lire les documents produits par la Fédération de l’Eure du Parti Socialiste, et aussi pour qui lit et compare les rares sondages existants, vous pourriez avoir la curieuse et désagréable impression que les jeux sont déjà faits et qu’une fois encore le Parti Socialiste va connaître un cuisant échec dans une élection d’importance nationale.
Défaitisme, catastrophisme, oui c’est ce que diront les bons militants PS, qui en d’autres temps, expliquaient doctement que les sondages ne représentaient rien et qu’évidemment le peuple de gauche voterait massivement pour le oui au TCE. Avant eux les militants (ou plus justement le vote des militants, tel que publié par les Fédérations du Parti Socialiste) avaient désigné ce choix comme étant le bon choix. Oubliant que l’auteur de cette formule, Valéry Giscard d’Estaing, avait été désavoué par une majorité des citoyens de ce pays.
N’étant pas un haut dignitaire du Parti Socialiste, je ne risque pas, il est vrai de recevoir un coup de fil véhément du Premier Secrétaire de cette formation politique, comme Pierre Moscovici, pour avoir osé écrire dans son blog, à propos des nouveaux dirigeants du PS que : ” les premiers pas de la direction sont... hésitants” .
Ni de voir mon présent article censuré comme, dans un autre Blog que Voie Militante (évidemment ! ), un article rédigé par Hélène Ledoux, la correspondante pour l’Eure de Pierre Moscovici !
Mon commentaire ne portera que sur deux sondages réalisés à un mois et demi d’intervalle par le même institut (l’Ifop). Certes, m’objectera-t-on brutalement, cela n’a pas de valeur scientifique, d’autant que l’un de ces sondages n’a été que partiellement publié, car réalisé à la demande d’un parti politique. Oui, oui, cela n’est pas sérieux, mais voyez vous je suis de ceux qui, au premier éternuement, pensent à la grippe et réagissent immédiatement de manière appropriée. Il est des tendances qui méritent d’être commentées, quitte à ce que ce commentaire influence le résultat futur.
La fiche technique de mon premier sondage Ifop est la suivante.
Sondage Paris Match-Ifop réalisé sur un échantillon de 881 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d’un échantillon de 959 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille, niveau d’éducation), après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par téléphone au domicile des personnes interrogées les 27 et 28 novembre 2008.
Les résultats sont :
Liste UMP : 22% Liste PS : 22% Liste NPA, soutenue par Olivier Besancenot : 8% Liste MoDem : 12% Les Verts : 11% Liste «Oui à l’Europe, non à Bruxelles» conduites par Philippe de Villiers : 4%
La fiche technique du second sondage Ifop est la suivante :
Sondage réalisé les 8 et 9 janvier 2009, auprès de 907 personnes à la demande des listes «Oui à l’Europe, non à Bruxelles» conduites par Philippe de Villiers
Les résultats sont :
Liste UMP : 24, 5% Liste PS : 19 % Liste NPA, soutenue par Olivier Besancenot : 10 % Liste MoDem : 13 % Liste soutenu par Philippe de Villiers : entre 5 et 6 %
Un fois encore la présente note n’a d’autre intérêt que de mettre en évidence des tendances et ne peut prétendre (ne veut prétendre !) à aucune rigueur scientifique, à supposer qu’en ce domaine la science mathématique ait l’importance qu’on lui prête communément.
Pour ce que cela vaut, je noterai qu’en près d’un mois et demi l’écart en % est le suivant :
Liste UMP : + 2,5 points, soit : + 11, 36 % Liste PS : - 3 points, soit : - 13,63 % Liste NPA soutenue par Olivier Besancenot : + 2 points, soit : + 25% Liste MoDem : + 1 point, soit : + 7,69 % Liste «Oui à l’Europe, non à Bruxelles» conduites par Philippe de Villiers : + 1 ou + 2 points, soit : + 25% ou + 50 %
Le passage du gain en point au gain en % donne une grande lisibilité à cette évolution des tendances en faveur de tel ou tel parti.
Les gains les plus importants sont réalisés par les formations opposées à l’Europe actuelle, qu’elle soit à Gauche (NPA) ou à l’ extrême droite (de Villiers). Le parti qui se proclame le plus européen (le MoDem) progresse nettement moins que l’UMP traditionnellement plus réservée sur l’Europe, mais dont le véritable chef (Nicolas Sarközy) sort d’une action fébrile de six mois à la présidence de la Communauté.
Reste le Parti Socialiste, régressant de 13,63 % sur la période. Faut-il s’en étonner pour qui sait qu’ayant prôné, lors du référendum sur le TCE, un vote en faveur du Oui, ce parti fut massivement désavoué par ses électeurs ! Cela se traduit aujourd’hui par un Premier Secrétaire (Madame Martine Aubry) et, comment dire, “un Premier Opposant” (Madame Ségolène Royal) qui ont en commun d’avoir voté Oui à ce référendum sur le TCE et non pas Non, comme la majorité des électeurs du PS !
Opposition entre entre Pays réel et Pays légal aurait dit feu l’un de mes anciens professeurs d’histoire, et qui, de Congrès en Congrès, éloigne le Parti Socialiste (ou plus justement le parti dit socialiste), de ses électeurs en prétendant leur dicter ce qu’ils doivent penser, alors qu’en République le rôle d’un parti est de faire remonter, de porter les aspirations de ses mandants.
Qui n’a entendu dans l’Eure les dures paroles que Monsieur le Maire de Conches en Ouche réservait à ceux qui (largement majoritaire à Conches !) avait eu l’impudence de ne pas suivre la voie qu’il leur désignait ?
Que les élections européennes de juin donnent lieu à une vérification de cette première tendance ou qu’au contraire (ce que je souhaite !) elle l’infirme, la consultation à venir marquera probablement, pour le parti se réclamant du socialisme en tout cas, le début d’une nouvelle façon de faire de la politique. Le temps n’est plus de la tyrannie de ce que Michel Champredon (lorsqu’il était de gauche et que j’avais des échanges quotidiens avec lui lors de la campagne pour le NON au TCE, que j’ai mené à ses côtés) avait l’habitude de nommer “La doctrine du logo”, ou moins joliment “Le logo”, thèse selon laquelle le candidat ne compte pas, car seul compte, le “logo” (l’étiquette, la marque) que lui confère un parti. Cette doctrine eut, entre autre, une magistrale vérification lors des élections législatives de 1997, dans la cinquième circonscription de l’Eure, mais aussi de cinglants contre-exemples lors des élections Municipales de 2008 à Gisors et à Evreux, où le logo “socialiste” compta moins que la personnalité et l’action passée de ceux qui emportèrent ces communes.
Il est très savoureux de remarquer qu’à Evreux celui qui battit ainsi en brèche la “doctrine du logo’” est celui là même qui “l’inventa”... Michel Champredon !
Mais qui sait, d’ici juin, le PS pour éviter d’être marginalisé se convertira peut-être à une doctrine que je nommerai à mon tour “Des cahiers de doléances” qui tiendrait compte du vécu de ce que mon camarade Gérard Filoche nomme la Classe Salariale et que plus nostalgique que lui des grands combats passés, j’aime encore appeler la Classe Ouvrière. Gémissons, gémissons, gémissons , mais espérons !
Sources : Paris Match, le Figaro Pour une analyse différente : Cozop Crédit photos : Cgt Edf Loire, Gérard Filoche
Tags : Elections, Elections, Parti Socialiste, Politique
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