Disparition du Parti Socialiste ou des causes structurelles de sa chute.
Par Alain Rey • 20 juil, 2009 • Catégorie: Parti Socialiste
D’aucun en lisant le remarquable billet que Julien Dray a consacré à la graphorrhée récemment contractée par Madame Martine Aubry (l’actuel Premier Secrétaire du Parti Socialiste) peuvent se demander comment en sommes nous arrivé là ?
On peut certes évoquer la prédestination des lieux, le siège parisien du Parti dit socialiste, au 10, rue de Solférino, n’a-t-il pas été le siège du Ministère de la propagande du régime félon et collaborateur de Vichy ?!
Le grand escalier, du dix rue de Solférino ( Siège du Parti Socialiste à Paris )
menant au bureau du Premier secrétaire du PS étant l’escalier où le sinistre Philippe Henriot fut exécuté par la résistance le 28 Juin 1944.
On peut aussi, plus justement, remonter à la présidentialisation du parti socialiste, qui a été voulu par Lionel Jospin et a été maintenu par François Hollande.
Faire élire directement par les militants, le Premier secrétaire du PS ainsi que les fédéraux et les secrétaires de sections ne pouvait que détourner le parti du travail collectif des militants, que favorisait l’élection des “porte-parole” des instances locales, départementales et nationales du parti par des assemblées représentatives des courants de pensée du PS et non par l’ensemble des militants.
Très précisément, en matière institutionnelle on ne peut faire cohabiter durablement des systèmes qui relèvent de logiques politiques opposées .
Si dans une logique “présidentielle” on fait élire directement les responsables des instances de notre parti par les militants, il convient de renoncer au système des courants, qui alors s’incarneront dans les personnes qui dirigeront telle ou telle “écurie”, qui proposera l’un des siens à une fonction de direction du parti.
Si, au contraire, dans le respect des traditions parlementaristes de la gauche française et singulièrement du Parti Socialiste on souhaite privilégier le choix des idées , des programmes politiques sur celui des personnes il convient que les “porte-parole” des instances du parti soit élus par l’assemblée qu’ils vont représenter( CA, CF, CN) et non directement par les militants.
Ces lignes, aussi techniques qu’elles soient, livrent l’explication de l’incontestable échec du Congrès de Reims.
Un premier vote des militants avait permis de dégager une ligne politique claire, celle proposée par la motion E, la direction du parti aurait donc dû incarner ce choix politique des militants du parti socialiste——Las !!! Les apprentis sorciers qui ont rédigé, “bidouillé” serait un vocable plus juste, les statuts du PS ont tout remis en cause en permettant concurremment aux militants du parti socialiste de choisir directement la personne qui incarnera le parti, au risque que cette personne soit d’une sensibilité différente, opposée, à la ligne politique dégagée par le vote des motions—ce qui fut le cas lors du Congrès de Reims !
Lionel Jospin en choisissant par incompétence ou malveillance, je ne sais, de juxtaposer statutairement deux philosophies politiques aussi opposées que les doctrines parlementaire et présidentielle a condamné le PS à l’errance et à la déchéance .
À cette premier cause de fond à la chute du parti socialiste s’ajoute une autre cause, d’ordre subalterne, relevant du “caporalisme” dira-t-on avec condescendance, certes mais cette autre cause porte en germe la perte par le parti socialiste de ses vingt régions en mars prochain et de bon nombre de cantons en 2011, je ne cite pas l’élection présidentielle de 2012, car seuls des malades mentaux, des individus intellectuellement malhonnête ou d’une rare inintelligence peuvent rêver à une victoire du parti socialiste à l’élection présidentielle de 2012.
Ce que des êtres raisonnables, soucieux du peuple de gauche, peuvent et doivent faire c’est mettre la gauche, toute la gauche, en état de gagner l’élection présidentielle de 2017, pour être en situation de rétablir ( ENFIN ! ) un régime parlementaire en France .
Dans cet esprit, il convient de dénoncer la véritable prime à la dissidence qu’insidieusement, les “électoralistes sans conscience” pour ne pas écrire les “poujadistes” du parti dit socialiste ont instillée dans les pratiques électorales du PS. Schématiquement on peut considérer que cette pratique de “la prime à la dissidence” est née le jour de mars 2008 où Bruno Leroux proposa au bureau du parti socialiste de retirer l’investiture socialistes à la Liste PS/ Les Verts conduite à Evreux par mon ami Rachid Mammeri . Circonstance moralement aggravante( J’ASSUME BIEN VOLONTIERS LES QUOLIBETS QUE SUSCITERONT L’EMPLOI DU MOT “MORALEMENT ” DANS CE BILLET TRAITANT DE POLITIQUE !) l’investiture de la “liste Mammeri” fut retirée au profit d’une liste menée par un quarteron de dissidents du parti socialiste( Couvert par la fédération de l’Eure du PS ! ), alors que le délai impartit au retrait des listes était forclos, ce qui contraignit Rachid Mammeri, (sous les menaces de hauts dignitaires se réclamant indûment du parti de Jaurès et de Blum) à abuser de l’article R55 du code électoral, qui permet en effet de retirer “à tout moment” les bulletins de listes régulièrement déposées —sans qu’il n’ait jamais été dans l’intention des ses rédacteurs d’en faire un instrument de magouille électoraliste à l’usage de politicien sans morale et sans scrupule !
Lors des prochaines élections, cet usage inconsidéré de l’article R55 initié par la parti socialiste( et hélas non sanctionné par le Conseil d’État ! ) permettra au deuxième tour des régionales et des cantonales les pires combines électorales, dignes des apparentements de la quatrième république agonisante !
Cette prime à la dissidence (même victorieuse), vit sa consécration lors du Congrès de Reims qui, sans état d’âme aucun, vota la réintégration du dissident socialiste Gérard Dalongeville, qui venait de conserver aux municipales de mars 2008 la ville d’Hénin-Beaumont qu’il avait conquise “à la Champredon” en 2001, contre la liste officielle du parti socialiste .
Mais cette pratique, à présent courante et non critiquée ( Sauf par un pauvre type du nom d’Alain Rey, qui s’obstine à croire que faire de la politique dans le parti de Jaurès ce n’est pas faire de la politique dans celui de Le Pen —un con ce Rey, quoi ! ) fut une fois encore d’actualité au lendemain du premier tour de l’élection partielle d’Hénin-Beaumont lorsque le PS obligea la liste du parti socialiste à se retirer au profit de la liste conduite par le dissident socialiste Daniel Duquenne.
IL APPERT DONC QUE D’ÉLECTION EN ÉLECTION, L’USAGE D’UNE “PRIME À LA DISSIDENCE” S’EST BIEN INSTAURÉ AU PARTI DIT SOCIALISTE—-IL EST FACILE D’EN MESURER LES CONSÉQUENCES ! JE NE DOUTE PAS QUE LORS DES PROCHAINES ÉLECTIONS RÉGIONALES SURGIRONT DES LISTES DISSIDENTES, QUE MADAME MARTINE AUBRY NE POURRA PAS INTERDIRE.
Madame Martine Aubry a fait sensation en annonçant haut et fort que le parti socialiste ne soutiendrait pas aux élections régionales une liste conduite par Georges Frêche ( Fort bien ! ) Mais qu’en sera-t-il au deuxième tour si la liste Frêche devance la liste du PS ?
Je ne doute pas que, comme pour Rachid Mammeri, le Fédéral du PS aura un “dossier secret” à produire en commission des conflits contre le type qui investi légalement par le PS aura osé conduire une liste contre le camarade Frêche !
Car depuis la “jurisprudence Champredon” se présenter en dissidence est sans risque au PS —– certes si l’on gagne, car dans ce cas ceux qui seront durement sanctionnés, ce sont les candidats officiels du parti socialiste ( voir en ce sens, supra, le “sort” réservé dans l’Eure à Rachid Mammeri et à ses colistières et colistiers ! )
Photo : Joseph Kazadi, Benoît Fenault (Les Verts, décédé), Rachid Mammeri( CR de Haute- Normandie, en cours d’exclusion du PS) et Hélène Ledoux ( PS, CA Evreux, CF 27 ).
D’aucun dise que le PS est mort, je crains que la réalité soit bien pire !
LA RÉALITÉ C’EST QU’AUJOURD’HUI LE PARTI DE JAURÈS EST SOUS LA COUPE D’INDIVIDUS DONT LES MÉTHODES CHOQUENT LES DIRIGEANTS DE L’UMP, POUR NE PAS ÉCRIRE : LES DIRIGEANTS DU FRONT NATIONAL !
J’ai dit !
Tags : Julien Dray, Martine Aubry, Martine Brochen, Michel Champredon, Parti Socialiste, Parti Socialiste, Socialistes, Solférino
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